« Quand j’ai donné ce titre au projet, on m’a dit « Vous vous êtes trompé, c’est : Vivre Libre ! » et j’ai répondu « Non, c’est Vivre Livre pour vivre libre ! ». David Foka, fondateur de la Maison d’Afrique, croit à l’intégration par l’exemple. Sous son impulsion, huit auteurs, d’origine africaine pour la plupart, se sont donné rendez-vous à la Bibliothèque nationale pour parler publiquement de l’écriture comme moyen de cohésion sociale.
Par-delà l’échange, il s’agit de « valoriser des auteurs issus de l’immigration en tant qu’apport culturel à notre société ». Cette rencontre littéraire est à l’image des cours informels de culture africaine que la Maison d’Afrique organise les dimanches pour jeunes « afrodescendants ».
« C’est un défi personnel, celui de marcher à travers le quartier de la Gare la tête haute. »
« Nés au Luxembourg sans connaître leur culture d’origine, ces enfants sont déboussolés quand on leur dit à l’école qu’ils ne sont pas Luxembourgeois ». On leur propose des activités, des dessins animés pour leur permettre de connaître Kirikou et pas seulement la Reine des neiges. « Ce n’est pas du communautarisme, c’est apprendre quelque chose de soi pour aller vers l’autre, ce que Léopold Sédar Senghor appelait le rendez-vous du donner et du recevoir ».
Dans ce lieu de rendez-vous qu’est devenue la Maison d’Afrique depuis 2010, outre les rencontres culturelles, on offre divers services, à l’exemple des cours de langues. On traduit, on conseille, on encourage aussi l’esprit d’entrepreneuriat, incarné par la « fierté locale », la styliste sénégalaise Awa Kermel et sa boutique de prêt-à-porter africain sise rue de Reims, à la Gare.
« C’est un défi personnel, celui de marcher à travers le quartier de la Gare la tête haute » confie David Foka. « Je n’aimerais pas être interpellé parce qu’on pense que je suis sans-papiers ou dealer. Quand je vais sur le terrain, je dis « Tu sais qu’on a une Maison d’Afrique ? ».
Souvent la personne a juste besoin d’être écoutée. Sans me demander comment j’ai fait pour arriver en Europe, elle sait que nous avons traversé les mêmes difficultés. C’est ce qui fait notre force ».