Milla Trausch et Charles Biver © Jessica Theis
Culture

Lycée Technique de Bonnevoie - Sinn ech gutt a menger Haut ?

Projet visant à sensibiliser la communauté scolaire et d’autres jeunes aux sujets de l’homophobie et du racisme via la plateforme cliche.lu. Milla Trausch raconte.

Le projet

Pour donner suite au lancement de l’appel à projets Cliché de l’Œuvre nous avons fait un sondage avec nos élèves. Résultat : ils s’intéressent pour les médias vidéo et photo et au niveau des sujets, ce sont la sexualité et l’apparence qui les préoccupent. Nous avons même constaté qu’eux aussi sont en partie victimes de discrimination. Ils ont exprimé le souhait de vivre dans un monde où chaque être humain peut vivre comme il l’entend, sans être jugé ou discriminé.

Dans le podcast « Méi wéi Sex », le chanteur Edsun raconte son parcours professionnel et artistique. Sur son chemin, il a rencontré des personnes plus et moins tolérantes et il regrette de ne jamais avoir eu un « role model » personnellement. C’est ainsi que j’ai eu l’idée d’impliquer cet artiste qui peut donner force et courage aux jeunes, qui peut leur aider s’exprimer et à se libérer de tout jugement.

Le projet « Sinn ech gutt menger Haut ? » est composé de trois volets : D’abord, les éducatrices ont traité les sujets de l’homophobie et du racisme, les enseignants ont rassemblé toutes sortes de clichés avec leurs élèves et Edsun s’est rendu dans les classes afin de répondre aux questions des élèves et leur raconter de ses expériences personnelles et professionnelles.

Il faut assumer sincèrement qui l’on est pour véhiculer cette image à l’extérieur.

Edsun

Les clichés recueillis ont été utilisés comme base pour la réalisation d’une vidéo. Trois classes ont écrit les scénarios et un appel a été lancé aux élèves du LTB pour se faire portraitiser. Leurs photos seront exposées et accompagnées d’un code QR qui mène vers un podcast vidéo. C’est à cet endroit que les personnes portraitisées parleront de leurs défis en lien avec l’homosexualité ou avec l’afrodescendance.

En dernier lieu, quatre classes développeront une routine en collaboration avec la chorégraphe Piera Jovic. Le résultat sera une courte vidéo qui servira de base pour un nouveau clip d’Edsun accompagnant une chanson spécifiquement écrite pour ce projet.

La réalisation

Jusqu’à présent nous avons avant tout pu faire des expériences positives, mais nous avons également dû constater que même au 21e siècle, il est toujours nécessaire et important de sensibiliser au sujet de l’homosexualité, qui reste souvent un tabou ou un no-go.

Ensemble avec les régents et éducatrices nous avons rassemblé les points de conflits et en avons discuté ouvertement. Les entrevues avec Edsun étaient très importantes pour beaucoup d’élèves qui, par cette rencontre très humaine voyaient leurs craintes et préjugés diminuer. En effet, Edsun est même devenu un « role model » pour certains élèves.

Avant leur rencontre avec Edsun encore, certain.e.s élèves avaient même annoncé ne pas vouloir parler à une personne homosexuelle, mais ils ont changé d’attitude lors de l’entretien.

L’artiste a visité 6 classes du cycle inférieur du LTB et a répondu aux questions que les élèves avaient préparées. Un véritable échange a pu naitre et les jeunes ont eux-aussi raconté leurs différentes expériences. En gros, les élèves sont très investis dans le projet et apportent de nombreuses idées. Ainsi, tout le monde est d’accord que dans un pays où le Premier ministre est ouvertement homosexuel, on ne devrait pas avoir à se cacher par peur de discrimination.

Nous avons également pu constater que les élèves ne font pas d’expériences racistes au sein de la communauté scolaire. Ils se trouvent dans un milieu multiculturel et se sentent à l’aise. C’est dans l’environnement extra-scolaire qu’ils sont exposés à des expériences et remarques racistes.

Objectif

Cela vaut la peine d’affronter ses angoisses et préjugés et d’activement entreprendre quelque chose contre des propos homophobes ou racistes. Des opinions peuvent changer, il s’agit d’un processus, qui doit commencer quelque part.

J’aimerais ici citer un message d’Edsun : il faut assumer sincèrement qui l’on est pour véhiculer cette image à l’extérieur. Ce n’est qu’à ce point-là que l’on pourra établir une connexion profonde avec les autres.

Nous espérons que le projet vivra encore pendant longtemps sur la plateforme cliche.lu, que d’autres classes pourront travailler avec les vidéos, les interviews pédagogiques et qu’un échange entre différents lycées pourra naitre. Notre objectif est d’inspirer des gens à ce que le souhait de nos élèves de vivre dans un monde sans jugements et sans discriminations, puisse se réaliser.

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