Si la synecdoque est une figure de style littéraire qui consiste à employer un mot en lui attribuant un sens plus large (ou plus restreint) que son sens habituel, elle peut également être utilisée dans les arts visuels. C’est ce que démontre sans peine le travail photographique de Boris Loder, dont les études de littérature et de géographie à l’Université de Tübingen l’ont amené à manier l’art de la synecdoque en y associant une exploration identitaire du territoire luxembourgeois.
« J’ai toujours eu un faible pour les paysages urbains, les vestiges industriels et la subculture. Venir de l’extérieur, en l’occurrence d’Allemagne, m’a sans doute permis d’appréhender le paysage urbain du Luxembourg avec des yeux différents de ceux d’une personne autochtone. »
C’est dans le quartier de la Gare, où le photographe réside, que sa démarche de matérialisation sociologique du lieu prend racine. En naît un premier pot-pourri ou, plutôt, « un cube compact composé de déchets et de petits objets oubliés par la nature et par les hommes ». Par la suite, Boris Loder décline sa proposition à travers l’illustration d’autres lieux emblématiques du pays, du Kirchberg aux Terres rouges en passant par le Pfaffenthal.
« Parfois, des gens m’observent, mais n’osent pas m’aborder. Pour ma part, j’essaie de rester concentré sur mon travail de recherche. »
« Mon approche est quasiment scientifique. J’essaie de mener mon analyse de terrain pendant les heures creuses, quand les rues sont dépeuplées. Je scrute le sol, les coins et recoins, je mets des gants pour ramasser les éléments repérés. »
De par leur fragilité, induite par la périssabilité de leur nature organique, les cubes en plexiglas de Boris Loder sont destinés à être photographiés. C’est sous cette forme qu’ils sont actuellement montrés dans le cadre d’une exposition individuelle, consacrée à la série Particles à l’Abbaye de Neumünster.
Afin de conférer davantage de visibilité au projet et dans une logique de professionnalisation du jeune photographe, un livre (médium photo en plein essor aujourd’hui) soutenu par le fonds stART-up et publié à la rentrée 2019 par l’éditeur international Kehrer, immortalisera ces représentations si particulières de nos lieux de vie.