Batizado est le nom que l’on donne au passage de grade en capoeira*. « Il signifie baptême, mais n’a rien de religieux : nous avons des participants de toutes les confessions », nous explique Uelington Ramos de Oliveira, plus connu sous son apelido (nom de capoeira) de professeur Pelezinho. Celui qui a passé les huit premières années de son séjour au Luxembourg sans papiers, a emprunté au plus près le chemin de l’intégration.
« En tant qu’enfant d’un quartier du Brésil régi par la violence et la drogue, j’ai perdu mon père à l’âge de trois ans. Pour subsister aux côtés de ma mère, j’ai travaillé dès l’âge de dix ans. La rencontre avec mon maître de capoeira constitue le début de mon expérience salvatrice. »
« Un bon capoeiriste sait aider les moins avancés à évoluer dans l’entraînement et dans le jeu. »
Maître de capoeira à son tour, le petit Uelington, devenu professeur Pelezinho, découvre le Luxembourg il y a vingt ans, à l’occasion de la première manifestation jamais organisée dans le pays. Il commence par enseigner aux jeunes en difficulté du Centre socio-éducatif de l’État à Dreiborn. Encouragé par le succès de l’initiative, il déploie progressivement ses cours à travers une impressionnante liste de partenariats avec des écoles ou des organisations comme la Croix-Rouge ou l’ASTM.
« Contrairement à un sport comme le football, la capoeira ne prône pas la compétition : l’inclusion et la bienveillance font partie de l’apprentissage de tout bon capoeiriste », nous éclaire-t-il, en précisant : « Pour le batizado, le soutien de l’Œuvre nous a permis l’achat des uniformes de capoeira pour les enfants défavorisés ».
Au son du berimbau, au rythme des danses et des chants, le rassemblement festif de trois jours invite les enfants issus de diverses structures d’accueil à venir se mélanger aux enfants de milieux plus favorisés du Luxembourg. C’est ensemble qu’ils ont traversé le batizado, ce rite d’acceptation dans le monde de la capoeira.
« La capoeira est un formidable vecteur d’intégration », conclut le professeur en nous avouant, à titre personnel, que le passeport luxembourgeois constitue à présent son ultime objectif.