De nombreux réfugiés désirent faire du vélo, soit comme activité de loisir, soit comme moyen de déplacement, certains foyers étant mal desservis par les transports en commun. Nous avons pu compter sur la générosité de la population pour récupérer de nombreux vélos. Mais encore fallait-il imaginer un système de réparation. En effet, lorsque survient un souci technique, le vélo devient souvent hors d’usage car les réfugiés n’ont pas les moyens de les réparer.
Nous récupérons donc les vélos qui nous sont offerts et nous les réparons avec des bénévoles résidents et réfugiés. Ensuite, nous les mettons à disposition des réfugiés et des bénéficiaires d’aide sociale pour 1 euro symbolique par mois. Tous les vélos sont équipés de lampes et d’un cadenas. Chaque bénéficiaire reçoit également un casque pour rouler en toute sécurité. Finalement, nous assurons aussi l’entretien des vélos et organisons régulièrement des ateliers dans les foyers de demandeurs de protection internationale.
Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de la commune de Junglinster qui a mis à notre disposition un atelier et un espace de stockage pour des vélos. Ainsi, nous avons pu mettre en route plus de 300 vélos depuis 2018. Plusieurs entreprises nous ont soutenu à leur tour en nous offrant des vélos et du matériel. De nombreux bénévoles nous aident dans la réparation. En novembre dernier, nous avons pu engager une salariée pour la gestion administrative.
Cette initiative nous permet donc à la fois de nous inscrire dans une démarche d’économie circulaire et de réinsertion sociale.
Pour vous donner un exemple, une assistante sociale m’avait demandé de prendre un bénévole DPI qui était dans une situation psychologique de dépression et qui ne participait à aucune des activités dans son foyer. Il est venu très régulièrement aider pour réparer des vélos et, après quelques semaines, l’assistante du foyer m’a contacté en me disant que ce jeune garçon avait complètement changé et se sentait revivre. Pour plusieurs bénévoles, une occupation régulière et qui les valorise leur permet de retrouver un peu de joie de vie. De même, quand on voit les yeux des enfants (ou d’adultes d’ailleurs) qui brillent quand ils reçoivent un vélo, on sait que le projet a du sens.
Vu le succès de l’initiative, il est donc clair que nous souhaitons poursuivre ce projet. Nous savons que nous n’allons ni manquer de vélos, ni de bénévoles pour les réparer, ni de personnes qui veulent en recevoir et qui n’ont pas les moyens pour en acheter. Nous restons optimistes pour trouver les moyens nécessaires au financement de notre projet à l’avenir.
Avec l’état de crise au printemps, alors que la demande de vélos explosait, nous avons dû fermer notre atelier d’un jour à l’autre. Depuis un certain temps déjà, nous avions envisagé d’engager un mécanicien dans le cadre d’une mesure de travail d’utilité publique. Cette occasion s’est finalement présentée en août 2020 quand Equivelo a pu engager Ahmad, mécanicien d’origine syrienne. Depuis, nous avons pu réparer plus de 680 vélos !
Ainsi, nous avons pu raccourcir notre liste d’attente pour vélos. Mais, à cause de la crise toujours en cours, nous n’avons pas pu relancer le travail avec les bénévoles et nous devons, comme tout le monde, attendre des jours meilleurs pour remettre en place une véritable dynamique associative dans nos activités de réparation de vélos.
Notre but est de fournir un vélo à chaque personne qui en a besoin et qui n’a pas les moyens de se le payer. Nous sommes encore à la recherche de sponsors, surtout pour couvrir les frais liés aux équipements de sécurité (casques, lampes, cadenas). Nous voulons contribuer au recyclage, à promouvoir la mobilité douce et à diffuser une culture de la réparation. De plus, nous voulons aider des jeunes dans leur chemin d’intégration dans la société luxembourgeoise à travers un bénévolat intéressant et valorisant.