À l’heure où toute la société doit s’interroger sur la réduction de son empreinte carbone, nous sommes persuadés que nous devons nous aussi intégrer cette exigence dans notre création artistique.
Robert(s) est une pièce de théâtre qui a pour sujet l’écologie et qui, dans sa forme même, vise la plus petite empreinte carbone possible. Pour ce faire, nous avons non seulement construit les décors et costumes à partir de matériaux de récupération, mais surtout, nous avons invité le public à s’asseoir, non pas passivement dans des fauteuils de théâtre, mais sur des vélos, leur pédalage générant l’électricité servant à l’éclairage de la scène.
Nous avons démarré ce projet par des ateliers scolaires entre septembre 2019 et janvier 2020. Notre ambition était d’atteindre la plus petite empreinte carbone pour la plus grande empreinte sociale.
Nous avons rencontré quelques difficultés dans la réalisation de notre spectacle : tout au long de la création, il nous est en effet apparu que réduire notre empreinte carbone équivalait plus à un transfert d’énergie qu’à une réelle économie. Par exemple, récupérer des éléments de décor en transports en commun exige une journée entière de travail, là où une camionnette aurait permis d’atteindre l’objectif en quelques heures seulement.
De plus, afin de développer une indépendance énergétique du spectacle par rapport au réseau général, nous avons du élaborer tout un système de vélos connectés à des générateurs pour alimenter les sources d’éclairage de la représentation.
À l’opposé de ces difficultés organisationnelles, la réception de la part du public a été extrêmement positive. Les ateliers avec les élèves des communes où nous nous produisions nous a permis de toucher un nouveau public qui ne s’intéresse pas nécessairement à des questions d’écologie, ce qui pour nous a constitué une grande source de satisfaction.
Les représentations se sont déroulées en janvier 2020 à l’Aalt Stadhaus à Differdange, au Kinneksbond Mamer et au Kulturhaus Niederanven.
Les demandes immédiates de reprises dans d’autres lieux, pour d’autres écoles ou asbl ont confirmé ces retours positifs.
Nous avions prévu d’organiser une table ronde en avril/mai pour tirer les leçons du spectacle. Cette table ronde a été reportée à cause de la pandémie, ce qui a attiré notre attention sur une réplique de notre spectacle : « Chaque 0,1° de réchauffement climatique multipliera les risques de pandémies, de famines et de guerres ». En effet, nous sommes convaincus que cette pandémie n’est qu’un coup de semonce. Nous n’en sommes qu’à 1,1° de réchauffement climatique et nous pourrions atteindre 1,5° en seulement 10 ans.
Par ce spectacle il nous a été possible de démontrer que l’on pouvait envisager une création artistique de qualité tout en réduisant drastiquement l’empreinte carbone finale.
Même si l’organisation d’une reprise est encore en attente pour le moment, nous sommes déterminés à poursuivre la diffusion de ce spectacle dont le message est plus pertinent que jamais.
Sur le long terme, nous espérons que nos efforts participeront à l’effort de transformation que la crise climatique exige de chaque pan de la société.